samedi 22 mai 2010

Good versus Evil



Jamais auparavant dans le football mondial, il a été aussi aisé d'identifier les deux plus grands joueurs actuels, symbolisant chacun une partie du monde qui nous entoure. L'un est jeune, vivifiant, amusé et amusant, l'Autre est arrogant, égoïste et ingrat.

Ici, c'est l'imagination qui triomphe sur l'image, l'esprit qui ridiculise le prix, l'intelligence qui humilie l'impuissance, l'intransigeance qui se venge de l'inconséquence. A l'heure du capitalisme bafouant chaque jour la dignité humaine, ce genre de rappels à l'ordre est vital quand s'endort, bouffi et repu, le foot sur ses lauriers. Le football de l'un permet de s'évader de la vie et de l'hiver, ce football est le responsable unique des mélodies enchantées qui plongent dans un drôle d'état quiconque leur tendrait l'oreille - de délicieuses heures de rêve éveillé sur un arc-en-ciel rayonnant qui aveugle les cauchemars, tandis que le football de l'Autre incarne les maux occidentaux contemporains : tout s'achète, tout se vend on ne plus croire en personne, les dés sont jetés , nous sommes les perdants, les victimes d'une illusion.

Le but est de ne plus se laisser bercer, berner, flinguer par des mensonges : une nouvelle économie un nouvel équilibre sont en gestation et les barcelonais, du haut de leur football parallèle, en sont le symbole. Il est possible de rêver un nouveau monde, une nouvelle gauche qui matérialiserait les rêves de Guardiola. La résistance s'organise et l'avenir n'est pas dans le renoncement et la résignation mais dans l'urgence et l'obligation d'avoir le courage de faire face.

vendredi 5 mars 2010

Un mal pour un bien ?

En restant positif, on remerciera peut-être les Espagnols dans 3 mois car l'humiliation qu'ils ont infligé à l'équipe de France (2-0), mercredi au Stade de France, arrive, souhaitons-le, au bon moment.

Un gouffre à combler
Jouer contre une équipe de seconde zone n'aurait pas permis de tirer des enseignements. Or là, face à la meilleure équipe du monde, les carences affichées durant les éliminatoires à savoir un manque de fond de jeu, un manque de créativité, un manque de liens entre les lignes, une fébrilité défensive récurrente, bref un manque d'équipe, ont été décuplées par la qualité de l'opposition. Ce match est révélateur de l'écart que doivent colmater les Bleus, en seulement 100 jours, pour prétendre jouer les premiers rôles lors du mondial sud-africain.

L'électrochoc attendu ?
Mais comment combler un tel fossé ? Un licenciement du sélectionneur permettrait de redistribuer les cartes, de mettre en danger les "intouchables" sous l'ère Domenech, de changer le système de jeu. Mais ce scénario ne semble pas d'actualité si près de la Coupe du Monde. Espérons alors que ce mercredi 3 mars 2010, jour de correction, restera dans les mémoires comme l'électrochoc qui a remis la France sur les bons rails.


mercredi 27 janvier 2010

Federer n°23

Michael Jordan portait le n°23, LeBron James le porte aujourd'hui et Roger Federer vient d'endosser, probablement de manière éphémère, ce numéro mythique. En dominant Nikolay Davydenko (2/6 6/3 6/0 7/5) à l'Open d'Australie, Federer s'est en effet qualifié pour la 23e fois consécutive pour les demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem.

Depuis plus de 5 ans, depuis juin 2004 exactement et une demi-finale à Wimbledon face à Sébastien Grosjean, le n°1 mondial n'a pas raté une seule fois le rendez-vous du dernier carré de chacune des 4 levées du Grand Chelem. Tout simplement énorme ! Avec ses 15 titres majeurs, c'est certainement le plus significatif de ses nombreux records. Il témoigne d'un niveau de jeu exceptionnel et constant, d'une condition physique parfaite (il n'est jamais blessé lors des événements importants) et d'une concentration intacte durant toutes ses années.

"Roger" est un modèle, symbole de l'excellence tennistique. Et comme le Suisse semble insatiable, on n'a pas fini de le répéter.

mercredi 20 janvier 2010

Révolte-toi Richard !

Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Ce vieil adage, Richard Gasquet ne semble pas l'avoir pris en compte. Sa suspension de trois mois (contrôle positif à la cocaïne), il l'a vécue comme un frein à sa progression, un coup d'arrêt. Alors certes, Gasquet est revenu au plus haut niveau. Sa défaite en cinq sets contre Youzhny, tête de série n°20, au premier tour de l'Open d'Australie le prouve mais les amateurs de tennis auraient souhaité voir un nouveau Gasquet, un Gasquet révolté, revanchard, prêt à faire payer cette "injustice" sur le terrain. Il n'en est rien.

A chaque interview, le Français se pose en victime. Il ressasse sans arrêt ce malheureux événement, le traînant comme un véritable fardeau : "Tout a été très négatif dans cette histoire. [...] J'ai été très bas et j'arrive à remonter. [...] Ce qui s'est passé pendant six mois m'a plus usé que si j'avais joué cent matches", déclare par exemple le joueur dans L'équipe. Durant sa courte suspension, Richard Gasquet s'est totalement coupé du monde du tennis. Il n'a pas touché une raquette et ne s'est pas préparé physiquement. Le Biterrois ne s'est pas servi de cet événement pour revenir plus fort que jamais. Au lieu ça, il a effectué son retour en homme meutri dans sa chair qui reprend peu à peu goût à la vie. Pour le joueur et pour ses supporteurs, c'est bien dommage.

mercredi 13 janvier 2010

Le football victime de son succès

Populaire, peut-être trop même. De part sa grande visibilité médiatique, le football, qui avait déjà pour maux d'exacerber les rivalités provinciales (derby, clasico) et nationales (Algérie/Egypte par exemple), est désormais une cible privilégiée des groupuscules armés pour faire passer un message. Il est, bien malgré lui, victime de son succès.

Il y a quelques jours, le sort de l'enclave de Cabinda en Angola, où des enjeux pétroliers énormes provoquent des violences entre des rebelles séparatistes et les troupes gouvernementales, était encore inconnu du grand public. La tragique attaque (3 morts) du bus de l'équipe du Togo a révélé au grand jour la situation sous haute tension de cette partie du territoire angolais.

Le gouvernement togolais récupère le drame à son profit
Jouera, jouera pas, le flou le plus total a entouré la décision du Togo de participer ou non à la Coupe d'Afrique des Nations à la suite de ce drame. C'est finalement le gouvernement togolais qui a tranché, sans se soucier du désir des joueurs. La sélection a dû rentrer au pays. Cette décision n'est pas anodine comme l'a très bien précisé Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques, dans l'émission Stade 2 dimanche dernier. Il y a dans quelques mois des élections au Togo et les autorités, en déclarant trois jours de deuil national, ont décidé de "récupérer le drame à leur profit". Les joueurs togolais souhaitaient honorer sur le terrain les proches tombés dans l'attaque. Ils en ont été privés. La faute encore à la politique.